Bienvenue dans l’ère du salarié caméléon
Jusqu’à
maintenant, les entreprises cherchaient des moutons à 5 pattes. Dans un
avenir proche, le salarié idéal ressemblera plutôt à un caméléon. C’est
ce que prédit une étude du cabinet EY et de LinkedIn sur la révolution des métiers qui est déjà en marche.
La recrue idéale ? Un caméléon
« Le changement des métiers qui se profile sera massif »,
prévient l’étude réalisée avec l’institut CSA. Basée sur le point de
vue d’une trentaine d’experts et l’analyse des compétences les plus
recherchées par les entreprises, cette enquête dresse le profil du
salarié idéal de demain, vu par les employeurs. Et à quoi ressemblera
cet employé-modèle ? A un caméléon qui saura s’adapter au changement
permanent. Quant à ses compétences elles seront autant comportementales
que techniques pour résoudre les problèmes et travailler en équipe.
Les « soft skills » comptent de plus en plus
La
dimension collaborative du travail est d’ailleurs la compétence
comportementale qui sera la plus importante dans les 5 ans à venir pour
les entreprises. Viennent ensuite la gestion du stress, la capacité à
intégrer le changement, à résoudre des problèmes, la faculté d’apprendre
et à absorber une charge de travail importante. C’est une des
révolutions qui est en marche : les « soft skills », ces compétences de savoir-être,
pèsent autant dans la balance pour choisir la recrue idéale que le
savoir-faire technique. Et c’est particulièrement le cas dans les pays
occidentaux. D’après l’analyse de plus de 7000 offres d’emploi diffusées
sur des sites internet spécialisés, la double dimension des compétences
est déjà très nette.
Les entreprises cherchent des « recrues adaptables »
« Au-delà
d’un socle solide de compétences sectorielles et techniques, les
entreprises recherchent aussi un éventail important de compétences
comportementales : savoir communiquer à l’écrit comme à l’oral, savoir
se comporter dans l’entreprise (ténacité, dynamisme, sens de
l’innovation, curiosité, ouverture d’esprit), disposer de compétences
interpersonnelles » détaille l’enquête.
Les compétences
comportementales sont le marqueur du salarié caméléon qui pourra tracer
son chemin dans la jungle. Ce nouvel avatar est déjà une cible de choix
des employeurs aujourd’hui. « Les entreprises cherchent des recrues
adaptables, capables de faire face à la volatilité de l’environnement
économique qui est devenu la norme » rappelle l’enquête.
Autre
changement majeur qui est déjà à l’oeuvre : certains métiers techniques
sont en train de se diluer et deviennent des compétences transverses à
plusieurs postes : la gestion de projet, la connaissance des logiciels
et même la dimension achats deviennent des pré-requis pour différents
postes. On peut citer la maîtrise de progiciels de gestion intégrés
(ERP) ou même le sens du e-commerce qui capillarisent au-delà des postes
de spécialistes. Pour suivre ces évolutions, le salarié devra encore se
muer en caméléon pour ne pas rester coincé dans sa branche.
Emergence de nouveaux métiers
En parallèle de nouveaux métiers émergent. Pour suivre cette révolution, l’enquête se base sur les intitulés de postes
des profils sur les réseaux sociaux professionnels. Un indicateur comme
un autre qui a ses limites mais qui donne quand même des tendances
intéressantes. Deux grandes familles de métiers semblent ainsi se
développer en ce moment : les fonctions dont le rôle est de nourrir la
marque ou la vendre et les métiers du soin et de la santé de la
personne.
De nouveaux métiers sont nés, (data scientist, data
miner, brand coordinator, social media strategist) pour des profils
« caméléons » aux compétences multiples et transverses.
Mais entre « vendre et soigner » il y a une troisième voie particulièrement porteuse de sens : l’économie sociale et solidaire qui monte en puissance, en particulier dans les pays anglo-saxons.
Une révolution du travail dans le temps et l’espace
Dernière
révolution et non des moindres, les manières de travailler dans le
temps et dans l’espace sont elles aussi bouleversées. C’est tout
l’environnement professionnel qui est en train de changer : les outils
de communication à distance, comme les smartphones, facilitent le
travail à distance et rendent plus flexibles les horaires. Le télétravail se développe, y compris en France. « Au-delà
de la durée du travail, le lieu du travail est également bousculé, les
technologies numériques rendant possible le travail à distance.
La
France compterait ainsi 12% de télétravailleurs, un chiffre encore
inférieur aux 25 à 30% observés dans les pays scandinaves et
anglo-saxons » indique l’étude. « Toutefois, la moitié de la
population active française pourrait potentiellement être concernée en
2015 par le travail à distance ».
Le travail indépendant et l’entrepreneuriat progressent aussi. Ces nouvelles formes d’emploi, couplées à des embauches qui se font majoritairement en CDD et via l’intérim, laissent à penser que le travail de demain sera lui aussi multiple et changeant.
Dans cet environnement professionnel nouveau, c’est bien l’employé-caméléon qui pourra le mieux s’adapter et survivre.
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